

















Le lancer du marteau
Photographie
Le lancer du marteau
La Vila Autodromo, une favela nichée autour de l’autodrome de Rio de Janeiro, ce même autodrome choisi pour être le Parc Olympique des jeux de 2016. Un quartier à détruire, à faire oublier et à recouvrir d’un bitume lisse et neuf.
Quelques mois avant l’été et les jeux, et tandis que des bulldozers s’activent derrière les palissades du futur parc olympique, dans la favela adjacente les maisons sont trouées, comme frappées par un lancer du marteau avant même que la compétition ait commencé. Dès que les gens ont signé, ici on troue les maisons pour être sûrs qu’ils ne restent pas en attendant la démolition.
Ensuite on les racle jusqu’à la maison adjacente accepte à son tour un accord. En attendant, des anciens voisin ne reste que des bouts de papiers peints restés collés au mur mitoyen.
On me raconte l’histoire de ce couple, séparé ou seul l’un des deux à signé l’accord de démolition : La maison à été coupé en deux, dans le sens de la largeur
Certains résistent, pour faire pression ou obtenir un meilleur accord. Au loin des sacs de ciments sont hissés en haut d’une maison encore debout. « Plus la maison est grande plus il y aura de l’argent », alors on se hâte de rajouter un étage.
« Cela fait quarante ans que j’habite ici, être exproprié pour deux semaines, c’est insupportable ». Mais où vont-ils alors? Ceux qui le souhaitent bénéficieront d’un logement social dans le programme « Minha Casa, Minha Vida »( Ma vie, ma maison), ironie textuelle. Une autre maison, plus loin, encore plus. Pourtant, du centre, on en est déjà très loin.
Marcela, militante et résistante de la Vila Autodrome refuse de quitter l’endroit : « Dans une favela tout le monde se soutient, répare et bricole sa maison, dans les logements de l’état, tout fonctionne au début, mais il n’y a jamais personne pour entretenir les parties communes. L’Etat donne une fois de l’argent puis ensuite c’est terminé. »
Bien plus loin, tout près des hauteurs, un des programmes de Minha Casa dans lesquels certains ont été relogés. L'ensemble a un air carcéral : murs gris, grillages et barbelés. Pourtant qu’y a t-il à voler? « Les gens ne se connaissent plus entre eux, et ont peur d’être cambriolés », les liens sociaux sont brisés.
Tandis que je regarde ces immeubles neufs, droits, sécurisés et standardisés, on me demande : « Tu es venue admirer ma nouvelle maison? »
De me sentir toute petite, moi, qui n’avait pas vu que derrière les barbelés, il y avait aussi de petits carrés de pelouse proprets sur lesquels étaient posés des nains de jardins. Son ancienne maison à lui était sur le tracé de l’autoroute qui relie le parc des Jeux Olympiques au centre de la ville, pour lui c’est une chance d’être ici et une surprise pour moi qui pensais tout autre.
Qu’adviendra t-il des ascenseurs?