POSTO 8

Photographie

POSTO 8 

Grande, mince, belle, douce, une fille s’avance sur la plage d’Ipanema. Ils ne voient qu'elle, mais elle, elle ne voit que la mer.
Rien n'est dit sur sa couleur de peau, quelle importance pour une chanson?

La plage, une bande de sable où la disparition des couches de vêtements ne fait pas forcément disparaitre les couches sociales.

La plage d’Ipanema est au coeur des quartiers riches. Seul espace public du quartier - à l’exception de la place du général Osorio - enclave sur la mer et accessible par le métro, elle est jalonnée tous les 800 mètres d’un poste de secours ( Posto ) qui délimite des territoires aux frontières implicites. Chaque section possède ses codes, ses habitudes et sa population. Si le sable blanc ne leur est pas exclusivement réservé, l’espace est tacitement occupé par les corps noirs et les corps blancs qui, côte à côte partagent la place. Mais se mélange-t- on pour autant? 

Cette série est une tentative de dresser le portrait d’une géographie émotionnelle du posto 8, le plus proche du métro, cette portion de la plage où il faut se méfier des assaltos, ces vols collectifs ou plusieurs dizaines de gamins se lèvent en même temps, arrachant ci et là des sacs à main en créant un mouvement de foule afin de ne pas être attrapés. C'est entre autres une des raisons qui explique pourquoi, à quelques mètres du Posto 8 se dresse au milieu de la plage un échafaudage en guise de poste de contrôle militaire. Mais pourquoi ici et seulement ici?

D’abord intriguée, je me suis rendue pendant plusieurs mois, tous les jours sur cette portion de plage, autour du poste de contrôle flambant neuf au début de l’été qui petit à petit s’intègre et se désintègre pour photographier les gens qui se rendaient sur la plage pour se délasser, se montrer ou encore y travailler.